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Les arts divinatoires à notre époque
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19 octobre 2022

Joseph, mythique oniromancien du Pentateuque

 

Joseph, mythique oniromancien dans Joseph, oniromancien peter-von-cornelius-joseph-interpretant-le-reve-de-pharaon-detail1

 

Dans le Pentateuque, un des Livres sacrés de la culture hébraïque reprise au sein de l’Ancien Testament dans la culture chrétienne, il y a quelques oniromanciens célèbres, mais le plus étonnant et puissant de tous, c’est Joseph, le fils de Jacob.

Joseph est surtout connu pour avoir fait l’interprétation des rêves de  Pharaon, ce qui lui valu le poste d’Intendant au Palais. Grâce à l’oniromancie, il sauva l’Égypte de la famine, mais aussi son Peuple, le peuple hébreu, tout en augmentant très radicalement le pouvoir de Pharaon sur les Égyptiens.

Tout le monde se souvient des sept vaches grasses suivies des sept vaches maigres du rêve que fit Pharaon et que Joseph interpréta comme sept  années d’opulence en matière de récoltes, suivies de sept années de maigres récoltes, ce qui permit l’organisation d’une réserve durant les sept années de riches récoltes, réserve que Pharaon utilisa ensuite pour nourrir un peuple qui, années après années, échangea d’abord son or, puis renonça à ses troupeaux pour obtenir la nourriture et, enfin, accepta le servage afin de ne pas mourir de la famine.

Cette interprétation que fit Joseph du rêve de Pharaon ne doit pas nous étonner. La vache est un animal sacré en Égypte. C’est même l’animal qui représente l’Égypte tout entière, en tant que terre nourricière et cela sous l’égide de la Déesse Hator, symbole de la fertilité et Mère céleste. Voir défiler sept vaches grasses, puis sept vaches maigres, puis voir les vaches maigres dévorer les vaches grasses était clairement l’avertissement onirique d’une grave menace sur l’Égypte. Le génie de Joseph fut de lier la temporalité de 14 années à cet avertissement.

hator-182x300 Joseph dans ONIROMANCIE

Préalablement à cette célèbre interprétation, Joseph s’était fait connaître des Pharaons car il avait interprété les songes de deux malheureux eunuques du Palais qui avaient été envoyés en prison, où Joseph se trouvait lui-même. Joseph, en effet, avait été vendu comme esclave en arrivant en Égypte, et son propriétaire qui l’appréciait, avait fait de lui son majordome. Mais Joseph était beau, et la femme du propriétaire de Joseph chercha à le séduire.  Comme il s’était refusé, la séductrice mentit à son sujet et il s’était retrouvé en prison.

Les deux eunuques dont Joseph analysa les rêves, étaient le grand échanson et le grand panetier de Pharaon :  le premier avait rêvé d’un cep de vigne divisé en 3 sarments et qui se mit à fleurir puis se chargea de fruits, l’échanson se voyant ensuite presser les fruits dans la coupe de Pharaon qui la but. Le second avait rêvé qu’il portait sur sa tête trois corbeilles à gâteaux, mais les oiseaux se chargèrent ensuite de dévorer les gâteaux qui s’y trouvaient.

Joseph fit alors une double prédiction restée célèbre  : au premier eunuque, il affirma qu’après passé trois jours, il retrouverait sa place auprès de Pharaon, au second qu’il serait exécuté et que c’est son corps que les oiseaux charognards se partageront. Et bien évidemment, ces prédictions se réalisèrent, conduisant ensuite le Panetier, revenu au Palais servir Pharaon, à se rappeler de Joseph et à en parler à son maître, quand ce dernier fit ce fameux rêve de Vaches grasses puis maigres et que personne ne parvenait à interpréter.

Avant ce  remarquable usage de ses talents d’oniromancien en Égypte, Joseph avait lui-même fait des rêves qui conduisirent à des prédictions que toute sa famille comprit, et cela, à ses dépens.

Il était alors un adolescent dans la famille de son père, Jacob, une famille polygame, puisque Jacob avait une épouse chérie, Rachel, la mère de Joseph, et une première épouse, Léa, qu’il n’a jamais aimée comme il aimait Rachel. En plus de ces deux épouses, Jacob avait pris deux concubines, Bilha la servante de Rachel, et Zilpa la servante de Léa. Chacune de ces quatre femmes eurent plusieurs enfants. Jacob fut le père de 13 enfants en tout, dont deux furent de Rachel. Léa fut la plus féconde, puisqu’elle eut 6 garçons et une fille, la seule fille de Jacob, la belle Dina.

Rachel par Harold Copping (détail)

On imagine à quel point la vie de ces femmes était difficile, à quel point la jalousie devait créer de graves dissensions entre elles du fait des préférences de Jacob. Les ethnologues des cultures polygames insistent en effet beaucoup sur la nécessité toujours réitérée, par ceux qui vivent dans ce type de communauté, d’une drastique équité dans la façon dont les femmes doivent être traitées par leur homme, cette équité étant le sol même de la paix et de l’harmonie familiale.

Une famille polygame où le mari puis le père fait des différences entre ses femmes et ses enfants, c’est une famille où couve une grande violence. C’est bien ce qui, à la fin de sa vie, a a conduit Mohammed, le Prophète musulman, à dire que la polygamie doit être évitée, car il est impossible de satisfaire cette équité radicale entre toutes les femmes comme entre tous les enfants sans laquelle la violence, l’envie, la jalousie et la haine s’installent dans les relations familiales. 

Jacob ne faisait pas seulement des différences entre ses femmes, il en faisait entre ses enfants. Ses enfants préférés, c’était  Joseph et Benjamin les enfants qu’il avait eu avec sa bien-aimée Rachel.

D’où la haine féroce qu’éprouvaient les autres fils de Jacob à l’égard du préféré, Joseph. D’autant que ce dernier était particulièrement doué et que ses dons auraient déjà en eux-mêmes suffit à susciter la haine de ses frères, particulièrement ceux de Léa, la soeur dédaignée de Rachel.

Voici le rêve que fit Joseph à 17 ans, alors qu’il vivait dans ce type de communauté polygame :

« Joseph fit un songe et il en fit part à ses frères qui le haïrent d’autant plus. Il leur dit : « Écoutez le rêve que j’ai fait : il me paraissait que nous étions à lier les gerbes dans les champs et voici que ma gerbe se dressa et qu’elle se tint debout, et vos gerbes l’entourèrent et elles se prosternèrent devant ma gerbe. Ses frères lui répondirent : « voudrais-tu donc régner sur nous en roi ou bien dominer en maître ? » et ils le haïrent encore plus, à cause de ses rêves et de ses propos. Il eut encore un autre songe, qu’il raconta à ses frères. Il dit : « j’ai encore fait un rêve : il me paraissait que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. » Il raconta cela à son père et à ses frères, mais son père le gronda et lui dit : « en voilà un rêve que tu as fait ! Allons-nous donc, moi, ta mère et tes frères, venir nous prosterner à terre devant toi ? » Ses frères furent jaloux de lui, mais son père gardait la chose dans sa mémoire. » (Gn, 37, 5-11)

Tout le monde connaît la suite : les frères de Joseph, après avoir eu envie de le mettre à mort, le vendirent à une caravane qui passait par là et se rendait en Égypte, afin qu’il soit mis en esclavage.

Je voudrais juste insister sur l’importance qu’accordait le peuple juif aux rêves dans ce tout début du destin d’Israël, et à la valeur de vérité qu’ils représentaient pour ce peuple. On savait que quelque chose de divin s’exprimait là, on savait aussi que, dans les rêves, se dévoilait, de manière imagée, le futur.

Tout le monde, dans la famille de Joseph avait en effet compris ce que les rêves de ce dernier signifiaient et la prédiction de sa dominance future qu’ils induisaient. Et tout le monde s’énerva, car les rêves de Joseph annonçaient ni plus ni moins qu’il était l’élu de Dieu et qu’un jour sa famille entière s’inclinera devant lui. L’énonciation de ses rêves et l’interprétation spontanée que tous en firent, ont déclenché le destin d’esclave de Joseph puis d’Intendant de Pharaon en Égypte.

Par-là, le Pentateuque annonce aussi que la puissance magique et occulte qui était notoirement celle des Égyptiens change de mains et devient celle des Hébreux parce qu’ils se sentaient le Peuple élu, en alliance avec Yahvé-Dieu. Et de fait, cette puissance magique assistera Moïse quand, des années plus tard, il voudra emmener son peuple, devenu esclave des Égyptiens, hors d’Égypte.

Retenons donc que Joseph, dans son talent exceptionnel d’oniromancien, ne fut pas un cas isolé. Il faisait en réalité partie d’une famille clairement oniromancienne, parce que prophétique, capable entendre la parole de Dieu.





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